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Sofia et ses tremblements de terre...

"La Terre, elle aussi, a une vie comme nous !"


Ca n'a pas l'air comme ça, mais depuis trois ans que nous habitons à Sofia, il y a régiulièrement des tremblements de terre. Oh, des petits, des rikiki, des qu'on ne remarque pas vraiment. Et puis, des fois, il y en a d'autres... comme celui de cette nuit du 21 mai au 22 mai 2012 !

 

Réveil en sursaut à 3 heures du matin ! Pas par un bruit, non, réveil par une violente secousse .

Impression que le lit tanguait, un peu comme s'il était sur un bateau ! Notre fillette de 3 ans ne s'est même pas réveillée mais nous, on restait à l'écoute, les armoires encastrées dans le mur grinçaient méchamment, et il me semblait que ce lit avait vraiment le mal de mer. J'avais des hauts-le-coeur. Le vieux bois grinçait de partout. C'était très impressionnant, je me demandais si le plafond allait tomber ! J'avais peur aussi à cause des lustres pointus. Et puis, on habite au 8ème étage... alors que pouvait-il se passer si notre vieil immeuble s'écroulait !

Ca a duré au moins cinq minutes, dans le silence de la nuit, en plein centre historique de la capitale déserte. Dehors, pas un mouvement.
Ensuite, une heure plus tard, il y a eu un rappel de secousse et une heure après, un autre encore !

Mon mari  qui a l'habitude des tremblements de terre n'en avait jamais ressenti un aussi fort !

 

Voilà ce que j'ai trouvé dans la presse ce matin : un tremblement de terre de magnitude 5.8 ! L'épicentre était à Pernik, 30km d'ici et là-bas, de vieilles villas abandonnées depuis des temps anciens se sont effondrées.

 

La réaction de mes proches a été rapide :

"WAAAAAOOOOUUUUHHHH! tout va bien mais j'imagine la frayeur ! Que faire ? Où aller ? Que prendre ?.....Le genre de situation qui me plairait !!!!"

 

Voici quelques témoignages de nos membres vivant à Sofia :

Côté Canal vers Oborichté :

Ici aussi toute la famille a été réveillée à 3h du matin. C'est vrai que la première secousse était impressionnante ! Chez nous, petite secousse quelques secondes après et une autre secousse à 4h30 du matin qui a de nouveau réveillé tout le monde.

Une vraie expérience donc avant de rentrer en France, plutôt excitant !

 

• Côté des Cinq Coins, derrière l'église, au bout du Boulevard Vitosha

Nous avons vécu la même chose. Moi, j'avais très peur, j'ai couru instincitivement dans la chambre de ma fille voir si tout allait bien. Nous habitons dans un vieil immeuble du centre-ville. Je me suis dit que ça ne pouvait pas être un grand tremblement de terre, tellement ça me surprenait. Ce matin, j'ai pris quelques photos rapidement des dégâts dans notre rue. Les voici :

toit.jpg  debris.jpg

 

• Sur les flancs du Vitosha, à Dragalevtsi :

Nous aussi, on a tremblé ! Mon mari, tout de suite a dit à tout le monde de descendre, mais les enfants ne s'étaient pas réveillés et la secousse était déjà finie. Alors on est resté sur le qui-vive un moment... et on a tous mis un moment à se rendormir !

 

entre Dragalevtsi et Simeonovo
je me suis réveillée en sursautant et en criant "tremblement de terre"! J'ai pris nos deux enfants dans mes bras et j'ai posé mon fils dans les bras de mon mari (pas très réveillé lui). C'était un moment que je redoutais depuis le début de note séjour à Sofia et auquel je m'étais préparée mentalement au moins.

Contrairement à mes craintes, je me suis bien réveillée et j'ai pu emmener les enfants et mon mari dehors, en sécurité.

Sous la pluie, pieds nus, nous avons senti la deuxième secousse, et puis les répliques avec des magnitudes moins fortes. Mon fils de 4 ans avait peur, il a commencé à rationaliser sa peur et m'a expliqué ce que je lui avais expliqué avant, "que la plaque africaine plonge en-dessous de la plaque européenne et que cela cause des tremblements de terre". Il tremblait toujours lui.

La maison bougeait beaucoup, on entendait les vitres trembler, mais tout cela à la verticale ; rien ne tanguait chez nous. Après une bonne heure, on s'est couché mais je n'ai pas dormi. A 4h30, je sursautais de nouveau, mais mon mari disait déjà : "là, c'est rien, pas la peine"...

Ce matin après une inspection rapide, la maison ne semble pas avoir beaucoup souffert . Pendant le petit-déjeuner, notre fils posait question après question sur la tectonique, les tremblements de terre et surtout sur le "pourquoi" de cet événement; question à laquelle à part la fermeture progressive de la Méditerranée il n'y a pas vraiment de réponse autre que "la Terre, elle aussi, a une vie comme nous !".

 

• Côté Boyana

Joli stress à Boyana aussi, avec déclenchement de l'alarme en prime : ma fille de 5 ans s'est réveillée en hurlant et n'a plus voulu quitter ma main de la nuit (seules à la maison car mon mari était en déplacement). Je n'ai pas du tout pensé à quitter la maison, ni même mon lit, contrairement à certains témoignages ce matin devant l'école ; certaines ont même été évacuées de 3 à 5 heures et ont du attendre dans la rue. Pas de dégats apparents sur Boyana, mais j'ai remarqué une façade vitrée complètement explosée sur Simeonovo tout à l'heure. Et maintenant, l'orage et la grêle s'invitent !  Météo hallucinante !

 

Côté Kempinski :

1- Mal dormi, nous aussi, bien sûr ! Lorsque je me suis réveillée, je pensais que c'était mon mari qui faisait un cauchemar. Puis, je me suis aperçue que les tiroirs des meubles s'ouvraient (ils sont sensibles : il suffit de donner une petite impulsion pour qu'ils s'ouvrent).
Et finalement je me suis rendue compte que tout tremblait.
Conclusion Watson : "c'est un tremblement de terre !"
Lorsque les deux premières secousses se sont arrêtées, nous nous sommes levés. Là, nous avons vu que de nombreuses chambres de l'hôtel Kempinsky étaient allumées, ainsi que dans les immeubles en face de chez nous. Nous avons vu aussi des personnes descendues dans la rue en peignoir, notamment une dame avec son bébé.
Vu l'heure, nous nous sommes recouchés, pour être à nouveau réveillés par des secousses suivantes.
Nous avions nous aussi trouvé un petit compte-rendu sur internet indiquant que l'épicentre était à Pernik et la magnitude de 5,8. De la même façon, mon mari avait déjà vécu deux tremblements de terre, un au Caire, l'autre à Bucarest, mais celui de cette nuit était le plus "secouant".

2- En effet on a très mal dormi, et pour moi pas du tout.... En plus je ramenais des copains à l'aéroport qui rentraient sur Paris. J'ai été vraiment secouée, et dès la première secousse, mes yeux se sont mis à pleurer jusqu'à la fin des deux autres secousses sans que je puisse me contrôler, ça fait une drôle d'impression !!!
Epicentre à Pernik, il y a pas mal de dégâts. Mon mari est parti tôt ce matin pour voir s'il y avait des problèmes avec certaines usines. La ville est très endommagée.
J'avais déjà vécu un fait similaire sur Copenhague mais pas aussi important. Là aussi, j'étais encore dans mon lit !!!

• Côté CCS - bas de Lozenetz

1-  Ici aussi on a tremblé, ma petite deuxième m'a réveillée 5 minutes avant le premier tremblement, comme si elle avait senti qu'il allait se passer quelque chose. Donc la chambre a tremblé et j'avais ma petite était à côté de moi, j'ai eu super peur !. Je suis allée voir ma grande fille qui dormait, mais la petite continuait d'avoir peur elle restait accrochée à moi comme un koala.

Mon mari n'est pas là pendant 10 jours  alors on a dormi toutes les trois ensemble,! autant dire qu'on n'a pas dormi donc j'ai remis la petite dans son lit etj'ai gardé la plus grande près de moi. Et puis vers 4 heures, il y eut de nouvelles secousses, mais là, j'étais la seule éveillée. Je tremblais comme une feuille, j'ai eu très peur que l'immeuble ne s'effondre.

 

2- "Tremblement de Terre", c'est immédiatement ce que j'ai dit en me réveillant en sursaut. Ca tremblait, ça tanguait de partout. J'ai entendu un grand bruit. Tout tombait de la bibliothèque... Ca a duré 30 tès longues secondes ! On ne pouvait pas se lever, marcher, tellement ça tanguait. 


Près du lycée français, côté Simionesko Chaussee :

Cerveau secoué ce matin !!!!! Bon, nous attendons pour savoir si le lycée doit être inspecté avant sa ré-ouverture ou non ! C'est bête : c'était le bac blanc de français de ma fille ce matin !!!!!

 

Dans les hauteurs de Lozenets :

J’étais en phase descendante d’un rêve avec une pickpocket, à qui je disais qu’il ne fallait pas qu’elle se fasse d’illusions : elle n’arriverait pas à prendre mon portefeuille dans le sac-à-main que je serrais contre moi.

Dans un demi-sommeil, tout est allé très vite : j’ai d’abord entendu une sorte de roulement, un grondement qui m’a fait penser aux vibrations que j’entends quelques fois chez une amie qui habite dans une rue avec deux voies de tramway. Pourtant, c’était plus fort. Ensuite, j’ai pensé au métro, mais pas possible non plus, car nous habitons dans un lotissement très calme ; puis m’est venue l’idée du camion poubelle avec le bruit caractéristique du couvercle de la benne vide qui se ferme quant on la jette par terre.

Tout s’est mis à trembler : les murs, les vitres, les meubles, dans un cliquetis très particulier. Je me suis assise dans le lit en lançant : «ça vibre, c’est un tremblement de terre », puis j’ai bondi vers les chambres des enfants. J’ai ouvert violemment la porte et réveillé l’aîné, en disant : « lève-toi c’est un tremblement de terre », il a répondu « oui, je sais ». J’ai surgi dans la chambre du plus jeune, je l'ai pris dans les bras et lui ai dit : « réveille-toi, il y a un tremblement de terre », mon mari a ajouté en nous rejoignant d’un calme plus qu’olympien, et afin de le rassurer : « c’est juste un tremblement de terre pour ton anniversaire » ; l’aîné, d’un air nonchalant propre aux adolescents, s’est placé dans l’encadrement de sa porte de chambre (réminiscence d’un exposé de SVT sur le sujet sans doute) ; nous avons fait de même. Nous étions tous ensemble, côte à côte, à attendre que cela passe. Juste après, j'ai enfilé un jogging et un T-shirt. J'ai mis le petit dans notre lit avant de descendre pour récupérer un chargeur de téléphone portable, les clefs de la voiture et mettre le tout dans mon sac, juste au cas où. Prête à bondir ! Si, si !

 

L’aîné est parti se recoucher, je lui ai demandé d’inverser sa position dans le lit parce que le caisson de la climatisation pouvait menacer de lui tomber dessus en cas de réplique. J’ai expliqué à mon mari que nous prenions le petit avec nous dans le lit ; il semblait trouver cela exagéré.

Nous sommes descendus voir s’il y avait des dégâts en bas. J’ai ramassé un livre et deux, trois choses qui étaient tombées. Les tableaux n’étaient plus droits, ; rien de bien terrible dans l'ensemble. Nous avons ouvert la porte-fenêtre du séjour, et curieusement il n'y avait pas de lumière chez les voisins, ni personne dehors ; il pleuvait. Comme j’avais envie d’appeler ma voisine ! J’aurais bien partagé un thé à la menthe avec elle ! Mais j'avais aussi peur de réveiller ses enfants.

 

Nous nous sommes recouchés avec le petit au milieu de nous. Mais comment penser à dormir sachant qu’il y aurait forcément une autre secousse à venir. 20 minutes plus tard, le portable a sonné ; c'était un collègue qui voulait savoir si ça allait de notre côté, tout en nous expliquant qu’au centre-ville les gens étaient dans les rues.

Quatre secousses ont suivi, dont une qui nous fait reprendre notre position dans l’encadrement des portes (sauf mon mari). A chaque fois, le cliquetis des poignées en métal du semainier annonçait le grondement ; quelques vibrations arrivaient suivies de secousses.

 

Comment expliquer ce sentiment que tout va vite, très vite, et surtout qu’il faut rester dans l’action et ne pas dormir ? Comment penser à dormir d'ailleurs ?

Je me suis levée maintes fois. J’étais consternée par le fait d’être entourée de personnes qui ne pensaient qu’à dormir. Même dans un cas comme celui-là, l’on peut dire que la gente masculine réagit très différemment, entre le petit qui disait « même pas peur », l’aîné que je venais voir à chaque secousse et qui répondait « j’veux dormir » et mon mari qui me disait « qu’il fallait que j’arrête de bondir dans le lit pour rien », j’ai franchement vécu un grand moment de solitude.

 

A 6 heures du matin, je suis descendue prendre une petite verveine pendant que le reste de la maisonnée semblait dormir… j’ai allumé l’ordinateur pour voir s’il y avait quelque chose à propos de notre aventure nocturne et déjà nous pouvions lire que nous avions pris un 5.8 sur l'échelle de Richter !

Pourtant, une nouvelle journée commençait. Il fallait que je sois en forme ce jour là, que je prépare le gâteau d'anniversaire du petit, que je monte à l’école pour fêter cela comme si de rien n’était et aussi que j’arrive à réveiller l’aîné, qui avait la tête d’un passager qui aurait fait Paris-Tokyo dans la nuit et que je l’encourage pour son épreuve écrite de français, sans véritablement savoir si le bac blanc aurait lieu ou pas, en fonction de l’état du lycée.

 

Je crois bien que je n’ai pas eu le temps d’avoir peur ; il ne fallait pas paniquer pour les enfants et être réactive, même si visiblement je m’agitais dans tous les sens. Franchement, la terre aurait pu trembler à une autre date, car là ça tombait vraiment mal !

 


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